Et si l’on pense que les mégalopoles et villes sont les plus concernées par la pollution de l’air, c’est vrai, mais aussi… c’est faux. Les zones rurales sont tout aussi touchées par la pollution de l’air, notamment lorsqu’elles admettent une forte activité agricole. La nuance que l’on peut apporter à cette information, c’est sur le type de polluant présent dans l’air extérieur.
Connaissez-vous le polluant de l’air extérieur pour lequel l’agriculture endosse la plus grande part de responsabilité mesurable ?
Il s’agit de l’amoniaque (NH3)
En 2020, l’activité agricole est à l’origine de 93% des émissions de NH3 dans l’air notamment issues de l’élevage et de l’utilisation des engrais minéraux.
Concernant les autres types de polluants rejetés dans l’air, l’agriculture participe aux émissions d’oxydes d’azote (NOx), de composés organiques volatils d’origine biogénique (COVb) et de particules primaires (TSP, PM10, PM2,5), sans oublier les pesticides.
Et si l’on revient sur le rejet des particules fines selon leur calibre (PM2,5 ou PM10), les polluants au coeur de la problématique sanitaire et de l’article de The Guardian :
En 2021, en France, 10 % des PM2,5 rejetées dans l’air sont dues à l’activité agricole. Notons que c’est un chiffre en baisse, le changement et l’amélioration des parcs de tracteurs dues aux réglementations européennes a fait considérablement baisser l’impact du secteur dans le rejet de PM2,5 dans l’air.
En 2021, en France, 26 % des PM10 rejetées dans l’air sont dues à l’activité agricole. Les causes connues sont l’élevage (majoritairement les parcs à volaille) et les labours des cultures. Côté diminution des rejets, des systèmes de filtration et lavage de l’air sont progressivement mis en place dans le secteur de l’élevage.
L’oeuf ou la poule : la pollution de l’air ou l’agriculture
Photo : Maxime Riché
Cependant, si vous ne deviez retenir qu’un seul pourcentage, ce serait : 20 %
20 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France sont générées par l’agriculture (source CITEPA) ce qui entraîne au-delà d’un souci sanitaire, des impacts négatifs environnementaux comme le réchauffement climatique.
Et 20 %, c’est aussi le pourcentage de perte de rendement agricole attribué à la pollution de l’air.
En effet, certaines cultures et forêts subissent les conséquences de la pollution de l’air et voient une baisse de leur production. Pour faire face à cette baisse dans un contexte de croissance de la demande alimentaire et non alimentaire en biomasse, les sols sont davantage exploités pour augmenter le rendement à renforts de produits phytosanitaires et d’engrais minéraux. Sauf que ces engrais minéraux sont les principales causes de la pollution de… Vous le sentez venir ? Oui, c’est le serpent qui se mord la queue.
Qu’est-ce qu’on planifie pour l’avenir alors ?
Côté européen, jusqu’ici les seuils de PM2,5 dans l’air fixés par l’OMS et ceux des instances institutionnelles européennes n’étaient pas les mêmes. L’évolution du cadre légal réside dans le fait que le Parlement Européen vote pour adopter les mêmes seuils que l’OMS, réduisant le seuil maximal de 25 ug/m3 à 5 ug/m3 de PM2,5 dans l’air.
Côté territoire français, la planification écologique de l’État prévoit :
→ 1 milliard d’euros supplémentaires pour la transition agricole
→ un objectif de 30 % de réduction des engrais azotés d’ici 2030
→ une augmentation de la part de l’agriculture biologique à 21 % (10,3 % actuellement).
→ des plans sur la gestion des forêts, de la biodiversité, de l’eau, de restauration des haies ainsi que le fameux plan protéines végétales.